Mon interview pour le Bookstagrameur Khelone

>> Peux-tu te présenter ?

Je suis Abel Frost et j’écris essentiellement dans les genres de l’imaginaire, surtout de l’urban-fantasy.

>> Pour te connaître un peu plus, quelles sont tes autres passions en dehors de l’écriture ? Est-ce que la lecture en fait partie ? Si oui, quels genres préfères-tu ou, au contraire, lesquels n’apprécies-tu pas trop ? Un roman et/ou un auteur préféré ?

Je ne conçois pas l’écriture sans la lecture. Je me nourris en lisant des livres variés, de toutes époques et de tous genres. J’ai bien sûr une prédilection pour la littérature de l’imaginaire, mais aussi pour les « classiques » et pour les thrillers. Enfin, je suis curieux de nature et j’aime me plonger dans ce qui est censé ne pas être pour moi !

Difficile de ne citer qu’un auteur ou qu’une autrice… Mais je dois reconnaître que je suis obsédé par Balzac, Shirley Jackson, Stephen King, Philip K Dick, Emily Brontë et par la littérature arthurienne.

Sinon, je suis passionné par les arts en général et j’aime aussi beaucoup l’architecture et faire du sport.

>> Comment en es-tu venu à écrire et quand as-tu commencé ? Est-ce qu’un roman en particulier t’a donné envie ?

J’ai toujours ressenti le besoin d’écrire, depuis l’âge de 6-7 ans. Au fil du temps, cela a pris différentes formes (poésie, chansons – j’ai longtemps joué dans des groupes de rock –, nouvelles et enfin des romans). C’est après avoir lu Ça de Stephen King et La Tâche de Philip Roth que j’ai enfin eu le courage de faire lire à mon entourage un roman que j’avais écrit (très mauvais !).

>> Est-ce que tu as toujours voulu être édité, que ce soit en maison d’édition ou autoédition, ou tu n’y pensais pas spécialement au début ?

Après avoir écrit plusieurs mauvais romans, j’en ai enfin écrit un que j’aimais et j’ai ressenti l’envie de le publier. C’était juste après le confinement. Jusqu’alors, mes romans étaient des secrets bien gardés.

J’avais déjà montré quelques écrits à des professionnels pour avoir un retour, mais je n’avais jamais imaginé aller plus loin. Dans mon entourage, personne ou presque ne savait à quel point l’écriture était centrale dans ma vie, je n’avais pas les réseaux sociaux, bref, personne ne me connaissait ! Je ne m’imaginais pas démarcher des maisons d’édition ! Et dans le même temps, j’ai rencontré des auteurs et autrices indépendants et j’ai immédiatement adoré l’idée de tout gérer moi-même.

Dans le futur, j'avoue que je rêverais d'être aussi publié en maison d'édition, maintenant que je me connais mieux en tant qu'auteur.

>> Ce serait un rêve de vivre de ta plume ou tu souhaites que l’écriture reste une passion ?

J’adorerais vivre de ma plume ! Mais je pense que j’exercerais tout de même mon travail (je suis enseignant) d’une autre façon, même si tel était le cas. Je suis passionné par mon travail et n’imagine pas raccrocher totalement.

>> Où trouves-tu l’inspiration pour tes écrits ?

C’est tellement variable ! Chaque roman est différent. Pour ma trilogie Dan, c’est un comportement de mon chat qui a déclenché l’écriture de la saga. Pour le dernier roman que j’ai écrit, c’est une jeune femme que j’ai croisée dans le métro et qui avait une attitude très particulière. Pour celui sur lequel je travaille en ce moment, c’est à la fois un lieu et la relecture de l’Odyssée d’Homère ! Bref, il n’y a aucune règle en la matière et je ne m’interdis rien.

>> As-tu une routine d’écriture ? Est-ce que tu es plus auteur architecte ou auteur jardinier ?

Plutôt qu’une routine, j’ai une discipline d’écriture. Si je n’écris pas, je suis dans un état terrible, très mélancolique. J’écris donc presque chaque jour, mais cela prend des formes différentes selon là où j’en suis dans un roman. Je suis un architecte très strict, mais plus j’écris de romans et plus je me laisse mener par mes personnages au point d’arrivée via des chemins détournés…

>> As-tu des manuscrits, même inachevés, dans les tiroirs ? Si oui, aimerais-tu les reprendre un jour pour aller au bout de tes histoires ?

Oui j’en ai quelques-uns. En revanche, je ne les reprendrai pas. Je suis heureux de les avoir écrits – j’avais absolument besoin de les écrire, à l’époque – mais ils ne sont pas réussis ou ne correspondent pas à ce que j’ai envie de publier.

>> Depuis quelque temps tu parles de ton prochain livre qui abordera les vampires. Peux-tu déjà nous parler un peu de l’histoire et nous dire où tu en es dans la partie écriture ? Une idée déjà de quand il va sortir ?

C’est un projet sur lequel j’adore travailler ! Il a été bêta lu et je suis en train d’en finaliser la réécriture. Il racontera l’histoire d’une jeune fille sans histoire de 17 ans qui découvre une époustouflante cité vampire sous Paris. Je n’en dis pas trop même si je suis impatient d’en parler ! J'aimerais qu'il sorte au deuxième semestre 2025 ; on verra sous quelle forme.

>> As-tu déjà d’autres projets après ce nouveau livre ? Si oui, peux-tu nous en parler ou c’est top secret pour l’instant ?

J’ai en effet en parallèle commencé à travailler sur un roman de fantasy qui me procure un plaisir incroyable. Je ne sais pas ce qui m’arrive avec cette histoire, mais elle m’amène dans des contrées littéraires que je pensais ne jamais fouler… Il aura pour thème central la nécromancie.

>> As-tu une anecdote à nous raconter sur une séance d’écriture et/ou en salon ?

J’écris assez souvent dans des lieux complètement inappropriés donc certaines séances d’écriture sont rock’n’roll… Je peux te raconter celle de cet après-midi… Dans le bar d’un hôtel, des salariés passablement ivres fêtaient un pot de départ. Ils n’arrêtaient pas de chanter, de crier… Au moment de régler, le barman m’a annoncé qu’ils m’avaient payé tous mes cafés (et quand on me connaît, on sait qu’en un après-midi j’en bois un certain nombre !). Je pense aussi à une dame assez âgée qui m’a dit de façon très virulente dans un salon qu’elle avait détesté le tome 1 de Dan, mais qu’elle voulait absolument lire les tomes 2 et 3 car elle trouvait que mon univers était très original. Je n’ai pas compris !

>> Les animaux, surtout les chats, ont une grande place dans chacun de tes romans… Dis-nous en plus !

J’aime énormément les animaux et me sens très proche d’eux. J’ai une relation très fusionnelle avec ma chatte – Courtney Love – et elle est une grande source d’inspiration pour moi. C’est vrai qu’il y a des animaux dans absolument tous mes romans !

>> Parlons plus un peu spécifiquement de ta trilogie Dan maintenant. Sur ton site, on peut trouver une playlist avec des morceaux qui t’ont accompagné lors de l’écriture de ta saga. Mais tu n’en parles pas dans tes ouvrages. C’est volontaire ?

Oui, car je ne voulais pas influencer les lecteurs/lectrices avec cette playlist. Elle composée de morceaux qui m’ont inspiré où sur lesquels je me suis basé pour trouver le rythme de certains passages (de combats, notamment). J’avais peur que cela empêche les lecteurs/lectrices de s’imaginer ces scènes à leur façon…

>> Ton premier tome a eu droit à une première version. Pourquoi as-tu voulu en faire une nouvelle ? En dehors de la couverture qui a totalement changé, as-tu effectué d’autres modifications, notamment dans le texte, pour cette seconde version ?

J’adore la première couverture, vraiment ! Elle a été réalisée par un graphiste pour qui j’ai une grande admiration. Mais certains lecteurs/lectrices m’ont remonté le fait qu’elle ne correspondait pas totalement à l’univers de Dan et à ses couleurs, à ses émotions. J’ai donc décidé d’en changer (et je suis aussi fou de la nouvelle !). Je n’ai pas retouché au texte, en revanche.

>> Parmi les trois tomes de ta trilogie Dan, as-tu une préférence pour un des trois ou un que tu aimes un peu moins ? Et si oui, pourquoi ?

Cette trilogie m’a demandé un an d’écriture et j’en ai adoré chaque moment, même si c’est un pari un peu fou, artistiquement et commercialement parlant. Cette saga et ces personnages m’ont beaucoup fait progresser en tant qu’auteur. Je pense donc que les tomes vont en s’améliorant et que le 3 est le plus réussi.

>> Il n’y a pas de chapitres dans les livres de Dan, mais cinq parties à chaque fois. Pour le dernier tome, on comprend bien pourquoi cinq parties, mais les deux autres, c’est le hasard qui fait qu’il y en a également cinq ou c’est totalement volontaire de ta part ?

Tout était réfléchi avant même d’écrire le premier mot. Je suis allé loin (trop ?) dans mes délires avec cette saga et je tenais à y respecter une structure très stricte qui devait faire écho à ce qui s’y passe et à l’univers que j’avais construit.

>> Dans les trois tomes, tu utilises une mise en page particulière pour signifier certaines choses en barrant certains mots, en en mettant en gras… Cette idée t’est venue dès le début ? Si oui, tu l’as appliquée dès ton premier jet ou plus en période de réécriture/relecture ? Si tu l’as fait plus tard, est-ce que tu serais capable de quantifier le temps que ça t’a pris juste pour faire ça ?

Dan est une dystopie qui dépeint un monde dans lequel tous les curseurs de la « cancel culture » ont été poussés au maximum. J’ai vraiment utilisé cette saga pour réfléchir aux concepts de « wokisme », et de « cancel culture » qui m’obsédaient et que je voulais tenter de cerner – je n’y suis pas parvenu… Ce sont des sujets que j’avais viscéralement besoin d’aborder. Avant même de commencer à rédiger le premier tome, j’ai donc mis au point ce système d’écriture qui devait justement permettre d’immerger les lecteurs/lectrices dans ce Nouveau Monde. J’ai en amont du premier jet mené tout un travail de réflexion sur le traitement des mots et des idées dans ce monde. Les trois romans ont donc toujours été écrits de cette manière et je dois avouer que ça a été un sacré casse-tête… J’ai même parfois sollicité mes bêta et ma correctrice sur certains passages pour avoir leur avis : « Ce mot serait-il juste sale ou démoniaque, dans le Nouveau Monde ? » Ça m’a pris un temps considérable.

>> Retour à deux dernières questions générales. Est-ce qu’il y a une question que tu rêverais que l’on te pose ? Et si oui, fais-toi plaisir et réponds-y !

Olala, le piège… « Qu’est-ce que je lis, en ce moment ? » La réponse est La vie invisible d’Addie Larue de V.E Schwab que je dévore littéralement !

>> Un petit mot pour finir cette interview ?

Merci beaucoup de t’être penché sur mon cas ! J’ai été très touché par le fait que la trilogie Dan t’ait secoué et interpellé. Merci mille fois de m’avoir proposé cette interview.